jeudi 16 août 2007

Comme toute bonne chose a une fin...

Mes très chers amis,

Je vois devant moi s’achever mes jours burkinabés, jours que je vais passer dans ma famille ouagalaise où je vais rédiger mon rapport final pour ISF et profiter de mes derniers instants avec ceux que j’ai appelé pendant tout l’été mes frères, mes sœurs, mes cousins et mes parents. Autant j’ai hâte au jour où je vais pouvoir vous serrez dans mes bras, autant je redoute le jour ou je vais leur dire au revoir. C’est la première fois, hormis les rares deuils que j’ai eu dans ma vie, où je dois dire au revoir à quelqu’un en sachant que les chances sont bonnes que je ne les revoie plus jamais. C’est franchement assez difficile à concevoir et j’essaie le plus possible de reculer le moment ou je vais dire : « Adieu, bonne chance… »

Comme toute bonne chose à une fin, je vous annonce que tout comme mon séjour au pays des hommes intègres, ce blogue tire à sa fin. J’ai décidé de publier aujourd’hui, mon dernier billet de ce qui aura été un périple pas toujours facile, mais toujours enrichissant que j’aurai vécu avec vous en pensée du début à la fin. Je vous invite donc TOUS, des plus réguliers et volubiles commentateurs aux plus muets lecteurs (vous vous reconnaissez) à écrire un dernier (ou premier) commentaire. J’ai l’intention de faire imprimer ce blogue et d’en faire un livre relié avec photos comme souvenir et j’aimerais donc que tous ceux qui me lisent écrivent une mini conclusion à ce récit. Merci d’avance

La dernière fois que je vous parlais je m’apprêtais à commencer un mini placement avec l’association des pêcheurs du lac Bam et je dois avouer que ça a été pas mal platte. Le président, M. René Sawadogo, est venu me chercher au cyber café d’où je vous écrivais et m’a amené au bureau de son association. Je dis bureau mais c’était plutôt un local avec une table et une chaise et à peu près 2 feuilles sur cette table. Comme pour faire sérieux, il avait invité 3 membres de l’association au « bureau » pour m’accueillir comme pour montrer que leur association c’est pas du niaisage. Ils ont plus de membres que de feuilles.

Donc une fois les membres « faire-valoir » partis, je demande au président qu’est-ce qu’il a de planifié pour mon séjour et devant son regard vide de pensée, j’ai vite compris qu’il n’y avait rien de spécial de prévu pour moi. Il m’a avoué que son association ne faisait aucune activité à ce temps de l’année et qu’il croyait que je voulais seulement venir passer 3 jours en vacances chez lui….3 jours de plaisir en vue….Donc devant mon insistance à faire autre chose que ce reposer sur des chaises longues dans sa cours, il a décidé de m’amener voir certaines réalisations de son associations. Il m’a alors amené voir des diguettes qu’ils avaient crées sur les berges du lac pour empêcher le lac de submerger les champs et que, lors des pluies, que l’eau s’imbibe avec ses nutriments pour fertiliser les terres. La première était très intéressante, la deuxième un peu moins, la douzième, franchement emmerdante. Nous sommes donc rentrés à la maison.

Le lendemain, mercredi, on fait encore des visites de diguettes. Vraiment le principe est super intéressant et leur utilité sans contredit mais elles ont comme défaut d’être tous semblables les unes aux autres et d’attirer très peu d’intérêt lorsque visitées une à la suite de l’autre pendant 4 heures. Après avoir pris le dîner chez M. Sawadogo (malheureusement pas une salade) nous sommes allés pêcher sur le lac. C’était pas mal cool de se gosser nous-mêmes des cannes à pêche dans des branches et de tenter d’attraper des poissons à l’aide de petites boules de tau. Ironique que ce plat serve de repas un soir sur deux mais aussi d’appât idéal pour les poissons… Après m’être un peu moqué du fait que le boss des pêcheurs du Bam était incapable d’attraper des poissons, nous sommes rentrés bredouilles à la maison pour manger le reste de nos appâts. Heureusement pour moi, je devais rentrer à Ouagadougou le lendemain pour venir accueillir Simon Michaud, un nouveau long terme ISF au Burkina et ancien président de la section de Polytechnique. Je ne crois pas que j’aurais survécu à une autre journée de diguettes.

Pendant la nuit, je me réveille avec un mal de ventre assez solide et me rends de peine et de misère à la latrine ou j’ai une crise de fouloutoutou (la première en 2 mois) qui menace dangeureusement de faire casser la latrine en deux. Après avoir fini mes affaires, je m’assois sur une chaise non loin de là pour reprendre mes esprits et laisser le temps à mon corps de s’ajuster à son nouveau poids et horreur, c’est l’autre orifice qui fait des siennes. Après m’être assuré que l’entièreté de mon système digestif était vide, je suis retourné me coucher sans toutefois être en mesure de me rendormir.

Avant de prendre le bus pour Ouagadougou prévu à 6h30, j’ai décidé de prendre ma température puisque je ne me sentais pas trop bien. 97.5 Fahrenheits, température normale. J’embarque donc avec difficulté d’en l’autobus et je m’assoit proche d’une fenêtre en attendant le départ. Au départ de l’autobus, à 7h45, j’ai mal dans absolument toutes les parties de mon corps mais surtout à ma tête qui est prête à exploser. Je suis fatigué comme si je venais de courir le marathon mais je suis incapable de m’endormir parce que j’ai juste trop chaud. Trois heures de transport plus tard, j’arrive chez moi à Ouaga en rampant sous le poids de qu’est-ce qui me semble être 10 sacs à dos et je m’écroule en larmes et en sueurs sur mon lit. Après un effort de volonté incroyable, j’arrive à sortir mon thermomètre de mon sac et je suis rendu à 103.8 de fièvre….petit problème.

C’est à ce moment que je conclu l’hypothèse que j’avais fondé dans l’interminable voyage en autobus : J’ai la malaria… Automatiquement en lisant ceci vous vous mettez peut-être à paniquer pour moi mais sachez que je suis parfaitement correct. La malaria, ou paludisme comme elle est appelée dans les pays de l’Afrique francophone, est une maladie très commune qui frappe, selon l’OMS, plus de 500 millions de personnes par année. Elle ne tue que 0.5 % des personnes affligées mais se sont surtout des enfants en jeune age ou des vieux chez qui la maladie n’est pas rapidement diagnostiquée ou traitée ce qui n’est pas le cas chez moi. Pour ceux qui n’ont pas fait le calcul, il reste que la malaria est un grave fléau qui cause la mort de 2.5 millions de personnes par années, morts qui pourraient facilement être évitées par l’accès à des soins adéquats.

Toujours est-il que, prévoyant comme je suis, j’avais avec moi une trousse de diagnostic et de traitement du palu et 6 heures après la première pilule, j’étais sans symptômes (hormis le fouloutoutou qui sévit encore à ce jour).

Vendredi matin, je suis devenu papa de sextuplés (Et vlan! dans les flancs les jumelles Dionne) En effet après 3 tentatives infructueuses, les moqueries de ma famille burkinabé, les espoirs de ma famille montréalaise et mes multiples crises de larmes d’incompréhension et d’acharnement, j’ai finalement une poule qui a eu des poussins. Je crois que c’est le plus beau jour de ma vie !!!!! Voici deux de mes chéris vec leur mère.

Je crois humblement que ce qui a fait la popularité de mes billets, c’est les petites anecdotes qui n’apportaient rien de plus à mes textes qu’un petit sourire et vu que cette entrée se veut être la dernière, j’ai décidé d’énumérer celles qui me restent et que je n’ai pas su insérer de façon fluide dans mes textes.

· Quand les gens demandent le prix de quelque chose, ils doublent la question et la réponse est aussi doublée mais le prix est multiplié par 5. Suivez-vous ? Exemple… Ce qui au Canada serait : « C’est combien ? » « 5 dollars » devient au Burkina : «C’est combien combien ? » « 1 dollar 1 dollar »
· Le coté droit de la route n’est pas le coté où il FAUT circuler, il est simplement celui utilisé par la majorité. Il en est de même pour les feux de circulations.
· Un taxi n’est pas un véhicule qui amène une personne ou un groupe de personne du point A au point B mais plutôt un véhicule qui va du point A au point B en ramassant et débarquant des personnes sur ce trajet. Ce que l'on appelerait communement un autobus chez nous. De plus, un taxi contenant 5 personnes est un taxi sous-utilisé. Il y clairement de la place pour 2 personnes sur le siège passager et 5 sur la banquette arrière.
· Dans les jeux de cartes burkinabés, la dame vaut plus que le roi, l’as est prononcé « yasha », les cœurs sont des tomates et les trèfles des arachides.
· Il n’y a rien d’efféminé à ce qu’un homme d’age mûr chante à tue-tête Céline Dion, du Jordy ou du Lori. (Tu seras ma meilleure amie…)
· Les compagnies se menant les campagnes de pubs les plus féroces sont les compagnies de téléphones cellulaires et les compagnies de cubes de bouillons de poulet.
· En marchant dans la rue, il faut demander à chaque personne croisée comment va sa santé, son travail, sa femme, sa famille, son sommeil, son urticaire, ses poissons rouges….
· Chariots of Fire est encore l’indétrônable numéro 1 à la radio burkinabé.
· Ce qui ici est appelé « tasse de café » est ce qu’on appellerait au Canada « tasse rempli a ras le bord d’une mélange à partie égale de sucre et de café instantané et ensuite remplie de juste assez d’eau bouillante pour diluer le tout. »
· La journée burkinabé à trois périodes distinctes : le jour, du levé du soleil à midi, le soir, de 12h01 jusqu’au couché du soleil et la nuit. Des phrases comme bon matin et bonne après-midi ne vous seront donc répondues que part un regard d'incompréhension.
· Lorsque qu’à la recherche d’un mot, l’interlocuteur burkinabé ne prendra pas le temps de le trouver mais le remplacera, un peu comme le ferait un schtroumpf, par « chose », « chosé » ou « chosiner » en prenant pour acquis que son vis-à-vis a tout à fait compris le sens de ses propos. De la même façon, on peu couper une phrase en plein milieu et la terminer par « quoi quoi » en sachant très bien que l’interlocuteur finira très bien la phrase pour lui-même dans sa tête.
· Les hommes burkinabés se rasent les aisselles mais pas les femmes.
· En Mooré, le mot pour vrai est le même que le mot pour mari. Il en découle que l’homme dit toujours la vérité.
· Un bon film est un film avec beaucoup de sang et de fusil. Un mauvais film est un film avec un dialogue et une histoire.
· Pourquoi utiliser les mains pour transporter des objets alors qu’ils peuvent être mis en équilibre sur la tête ?
· Une personne qui vient vous visiter n’est pas obligé de vous adressez plus que les salutations de base, elle peut toutefois rentrer, s’asseoir sur une chaise pour une heure ou deux, et repartir par la suite sans que cela entrave de quelque façon que ce soit le cours des activités.
· Il n’y a rien d’anormal à ce qu’une personne qui vend des objets à 50 francs (ou 50 francs 50 francs devrais-je dire) n’ait pas de monnaie pour 100 francs.
· Une surface couverte de roches pointues, de verre cassé et de machettes rouillées ne devient pas nécessairement une surface impropice aux jeux d’enfants
· N’importe qui avec un lien de sang avec toi est un frère. Les autres sont des cousins.
· La chanson thème du feuilleton de nouvelles de la télévision nationale du Faso est la même que celle des films de Superman…et je les soupçonne de ne pas avoir payé les droits d’auteur.
· Dire à une femme qu’elle est plus grosse qu’un éléphant est un compliment

Bon je crois que c’est tout pour l’instant. Il faut quand même que j’en garde pour le retour…

Je vais conclure avec ces quelques pensées…

Quand j’ai appliqué pour venir outre-mer, j’avais une attitude de pitié envers les africains. Un regard paternaliste, un peu hautain, qui me laissait croire qu’en arrivant au Burkina Faso, je pourrais avoir l’effet d’un raz-de-marée et changer de façon drastique la vie de plusieurs. La réalité, je l’ai vite réalisé, est tout autre ? Les africains sont parfaitement capable de prendre eux-mêmes les choses en mains et n’ont besoin que d’un appui honnête des pays développés. La meilleure façon d’aider c’est de ne pas nuire dit-on…

Quant à moi, je pensais naïvement partir et vivre une expérience qui changerait totalement ma vie et qui je suis, qui ferait de moi une personne totalement différente et fondamentalement meilleure. Quoi que le séjour ici n’ait pas toujours été des plus faciles et motivants comme j’aurais pu le croire, je pense que je vais effectivement revenir une personne différente ; pas méconnaissable mais définitivement différente. Je reste fondamentalement heureux et reconnaissant d’avoir eu la chance incroyable de vivre cette expérience on ne peut plus enrichissante. Il est encore trop tôt pour voir de quelle manière j’aurai changé et de quelle façon je vais me réaccoutumer mais je compte sur vous, mes amis, pour me comprendre et m’aider dans ce qui peut être une difficile réadaptation. Je vous remercie vraiment du fond du cœur d’avoir été avec moi jusqu’au bout de ce périple et j’ai bien hâte de vous raconter mes histoires autour d’une bière, d’une shisha, d’une tasse de café (noir), d’une coupe de vin ou d’une salade de fruits.

Merci milles fois,
On se revoit le 31,
Ouedraogo Tenga

P.S. SVP écrivez un commentaire, ça sera votre dernière chance. Je vais vraiment être déçu si mon dernier billet ne dépasse pas en nombre de commentaires celui du concours de noms de poules…

mardi 7 août 2007

Yalka: l'overdose de féculents

Mes très chers amis je vous salue,

3 mois jours pour jours que je vous ai quitté aujourd’hui et je mennuie beaucoup de vous. La dernière fois que je vous parlais, j'étais à Kongoussi et je m'apprêtais à commencer mon séjour avec une des organisations partenaires du FEM et aujourd'hui, je suis toujours à Kongoussi et je commence cet après-midi mon placement avec la troisième et dernière organisation avant mon retour pour Ouaga.

Tout d'abord, pour ceux qui ne sont pas fluents en Mauré, Kongoussi c'est une contraction de Kon et Ngoussi qui veut dire : "Ne pas dormir" La ville a été surnommée ainsi dû au trop plein de maringouins qui empêchent les gens de dormir. Je crois avoir fait une découverte grandiose dans le domaine de la biologie. La journée à Kongoussi, il y a des nuées de mouches partout et la nuit, c'est les moustiques....Pourquoi, me demandez-vous? C'est parce que c'est le même insecte qui mets un petit suit de poil pendant la journée et qui l'enlève la nuit pour venir nous empêcher de dormir. Ok je suis vraiment fatigué....Donnez moi une chance…

Donc la première organisation avec laquelle j'ai séjourné, c’est l’Association Nabonswende pour l’élevage et le développement fruitier ce qui est un peu ironique puisqu’ils ne font pas d’élevage ni de développement fruitier depuis 1998. Ils doivent changer de noms prochainement….

Toujours est-il que pendant ce séjour, j’ai eu la chance de partager un lit simple avec Joanny, une personne grande, mince, corps athlétique qui aime beaucoup se coller pendant la nuit mais malheureusement pour moi, Joanny est un homme… Imaginez-vous dans mes souliers. Je me réveille la nuit, il y a un long bras qui m’entoure pis la première chose que je pense c’est : « Merde, est-ce que c’est culturellement accepté ici que quand on partage un lit avec un homme de se laisser enlacer puisque c’est correct de se tenir la main pendant la journée ? Si je le repousse, parce que je suis beaucoup trop inconfortable pour pouvoir dormir, est-ce qu’il va se sentir insulté ? Est-ce que j’ai fait quelque chose qui l’a laissé croire que je suis attiré envers lui et que j’apprécie ce bras poilu contre mon torse ? » Finalement je lui ai donné un subtil coup de coude puis il s’est retourné de bord. Il n’y a pas que les moustiques qui empêchent de dormir à Kongoussi.

Le lendemain, ce qui devait arriver depuis longtemps est finalement arrivé, je suis tombé malade. Je ne pouvais pas déjouer le continent africain de toutes ces maladies exotiques bien longtemps. Rien de trop grave, seulement un genre d’indigestion aigue. Des crampes spasmodiques (Word me dit que ce mot existe mais je ne le connais pas vraiment) sévères et de vomissements. Je suis donc allé l’hôpital ou on m’a injecté des anti-spasmodiques parce que j’avais vraiment trop mal et on m’a donné un cocktail incroyable de pilules pour les deux prochaines semaines que j’ai stoppé d’utiliser après 3 jours parce que je trouvais ça un peu ridicule… La j’entends déjà ma mère dire : « AH !!!!!!! Rémi, tu t’es fait injecté en Afrique » T’inquiète maman, la seringue n’avait été utilisé que 3 fois pis les 2 personnes m’ont juré qu’ils n’avaient pas le SIDA. (La troisième était morte)

J’ai vraiment eu beaucoup de fun avec Joanny (pendant la journée du moins) il m’a amené visité des projets de son organisation un peu partout, m’a fait visité le repère des caïmans du lac Bam et m’a fait visité un site d’extraction d’or canadien. Quel choc incroyable….

Quand on pense à une mine, on pense a des camions, des tunnels supportés, des travalleurs avec des caque jaunes avec des lampes frontales…Rien de tout ça… A la place, il y a des hommes qui creuse des tunnels verticaux de 15 mètres de hauteur à la main et qui creusent ensuite au fond pour tenter de trouver de l’or. La plupart du temps, ce sont les enfants qui vont au fond des tunnels parce que c’est trop petit pour un homme et qui en ressortent occasionnellement avec un pépite. On m’a dit que si un mineur es chanceux, il peut réussir à trouver une once d’or par mois qu’il revend à l’acheteur canadien sur place pour environ 50 dollars. A titre de comparaison, le prix du marché selon ce que j’ai vérifié ce matin se situe à environ 1300 dollars par once.
On se passe de commentaires…

Après avoir fini avec l’association Nabonswende, qui veut dire Dieu nous aide en passant, je suis parti vendredi matin pour le village de Yalka avec l’association Tiig la Vuim (l’arbre c‘est la vie). Yalka est vraiment un village typique africain que vous pourriez imaginez : Maisons en terres battues, champs autours des maisons, enfants au entrs gonflés par la malnutrition mais contrairement à ce que vous pourriez croire ou imaginer, ce n’est pas du tout Vision Mondiale. Les gens sont souriants et accueillants et j’ai vraiment eu beaucoup de plaisir les 5 jours que je suis resté là.

Quoique j’ai beaucoup aimé l’expérience générale, je dois avouer qu’il y quelque chose qui m’a franchement dérangé, les burkinabés n’ont pas du tout le même sens de la vie privée que nous. On m’a donné une case pour que je puisse m’installer pour dromir mais très vite, ce qu’on aurait pu appeler au Canada ma chambre est vite devenu le spot hot du village ou tout le monde venait pour jaser ou juste pour s’asseoir et me regarder. On aurait vraiment dit que j’avais des disciples, partout ou j’allais, il y avait au moins une dizaine de personnes, surtout des enfants, qui suivaient mes moindres pas et gestes. Quand je mangeait, il y avaitv sans exagérer, au moins une quarantaine de personnes attroupées autour de moi pour me garder porter chaque bouchée à ma bouche. Franchement troublant.

À mon deuxième jour en village, j’ai eu mon trop plein de féculents. Je préparait mon overdose depuis longtemps en mangeant à chaque repas soit du riz, soit du spaghetti ou du tau (pâte de farine de mil). Il y avait au moins le déjeuner ou je prenais un break avec un yaourt ou une mangue mais pas moyen de trouver ça en plein milieu de la brousse. J’avais le droit sans niaiser à du riz au spaghetti noyé dans l’huile, avec pour boire un boisson d’eau et de farine diluée et comme déjeuner une bouillie à mi-chemin entre cette boisson et le tau. Il faut comprendre que c’était un village d’agriculteur et qu’ils n’ont guère les moyens d’avoir un alimentation plus variée que ce qu’ils poussent dans leur champ (du mil pour ceux qui n’avaient pas deviné) et le peu qu’ils peuvent se permettre d’acheter avec les petites jobines qu’ils ont. Pour contrer mon overdose, j’ai inventé une omelette « canadienne » qui était une omelette régulière avec une canne de pâte de tomates à l’intérieur. Contrairement aux femmes du village, je n’ai mis qu’assez d’huile pour que l’omelette ne colle pas à la casserole et les gens n’e revenaient juste pas comment je ne mangeait pas gras. Ils ont sérieusement ajouté au moins une demi tasse d’huile pis un cube de bouillon e poulets à chacune de leurs portions…

La pluie se faisait attendre depuis longtemps à Yalka et mon arrivée à coïncidé avec la première pluie. Naturellement le chef a trouvé un lien de causalité entre les deux et j’ai donc été très bien accueilli. Il a effectivement plu tout au long de mon séjour et je crois qu’il était temps que je parte parce que le lac voisin menaçait d’inonder les champs.

Dimanche, je suis allé avec Moussa, une des seuls jeunes qui est capable de baragouiner quelques mots de français, visiter des villages peuls. C’était vraiment impressionnant. Les peuls étant un peuple de nomades, leur village sont très rudimentaires et les maisons ne sont faites que de pailles. Les jeunes filles ont le front complètement rasé jusqu’au lobe occipital (merci bio de cégep) ce qui leur donne un peu un allure de disciple de Krishna. On aurait vraiment pu croire que le monde moderne n’a pas touché cette tribu peul si ce n’était d’un des plus jeunes qui se roulait un joint dans des papiers de marque Zigzag bien emmitouflé dans sa tuque des Nordiques. Il me faisait penser à quelqu’un…..

Au retour, on s’est perdu et j’ai suggéré à Moussa de monter sur une colline pour s’orienter mais il m’a dit que certaines collines sont sacrées et comme il ne sait pas lesquelles, mieux vaut ne pas s’essayer.

Dimanche nuit, la pluie a ragé à son plus fort. Ma maison étant faite de terre battue, le toit coulait. Je dis le toit coulait et vous pensez que c’est de l’eau qui tombait mais terre battue oblige, c’était des mottes de boues qui me tombait dessus dans mon lit. Je dit lit mais c’était plutôt des branches tressées couvertes d’une natte. J’ai vraiment passé une mauvaise nuit. Vraiment il n’y a pas que les moustiques qui empêchent de dormir dans la région de Kongoussi…Le matin, je me suis réveillé pour trouver le plancher de ma case couvert de boue sans pour autant épargner ma valise et tout son contenu.

Fait cocasse, le stéréotype blanc=argent n’est pas que typique de Ouaga. Dimanche matin, un gars m’a intercepté pour tenter de me vendre une barbotte pour 25 sous. J’ai vraiment pouffé de rire dans sa face quand il a sorti une barbotte toujours vivante mais agonisante de sa poche pour tenter de me la vendre.

Puisque qu’il n’y a pas grand-chose à faire à Yalka, les gens passent le plus clair de leur temps assis en cercle à jaser ou à…juste être assis en cercle et ne rien faire. M’emmerdant un peu, j’ai décidé d’organiser un concours de danse entre les enfants avec une vieille radiocassette à batterie pis une cassette de genre 5 remix de la maudite toune de Titanic. Après que le concours fut finit, je suis allé danser avec Moussa pour le plaisir des agriculteurs, c’était pas mal drôle.

Pas tous les enfants n’étaient enchantés par mon concours de danse. Il m’est souvent arrivé que des enfants se cachent derrière leu mère ou se mettent à rechigner à la vue de moi, un blanc mais pour la première fois, des enfants m’ont littéralement fui en courant et en pleurant. C’était assez traumatisant…

Me voilà donc de retour à Kongoussi, en quête d’une bonne nuit de sommeil, ou je commence cet après-midi mon placement avec une association de pêcheurs. Il y a une semaine, je trouvais que le temps qui me restait au burkinabé semblait interminable mais aujourd’hui, je réalise qu’il ne me reste vraiment pas beaucoup de temps ici. Je quitte le Burkina le 24 août et je serai de retour Vendredi le 31 en après-midi à DDO. Nous avons une semaine de debriefing à Toronto avant de revenir dans nos régions respectives. Si vous avez l'intention de me faire un souper d'accueil, de grace pas de féculents. Je serais très content d'une salade avec une salde de fruitscomme désert.

Sur ce, je vous souhaite une bonne semaine et je suis de retour dans le réseau cellulaire si vous voulez m’appeler.

p.s. La seringue était stérile maman, désolé pour la mauvaise blague....

samedi 28 juillet 2007

Un bref message de Kongoussi

Bonjour mes amis,
Je profite d'un bref répit de ma mission de visite avec Mme Congo pour venir vous écrire un peu. Je suis présentement dans un café internet de la charmante petite vilel de Kongoussi. Je dosi vous avouer que j'ai l'impression que ma vie va à cent milles à l'heure cette semaine tellment on a visité de places.

Antoine, si je parle très peu de mon travail pis des gens que j'aide c'est parce que

1-Mon travail n'était rien d'assez intéressant pour partager avec vous
2-J'avais encore jamais eu de contact avec les bénificiaires direct de mon organisme

Et bien dans cette dernière semaine tout ça a changé.

De Mardi à Vendredi, j'ai visité 6 projets que l'on finance et j'ai finalement compris l'impact de notre travail. Avnt celà, j'avais pas mal juste resté devant mon ordi pis fait de la jopb de bureau pas hyper motivant mias là j'ai finalement pu apprécier les réalités du terrain.

Le gros des projets que j'ai visité sont des projets de récupératiosn des terres. Puisque beaucoup de gens au Burkina Faso vivent de l'agriculture, ils n'ont souvent d'autre choix que de cultiver et recultiver la même terre. Rapidement, les terres se dégradent, perdent tous leurs nutriments et deviennet de véritables plaines rocheuses ou rien ne peut pousser, c'est ce qu'on appelle la désertification.Les projets que le FEM/ONG financent sont essentiellement des projets de cordons pierreux. Contrairement à trop d'organismes d'aide humanitaire, le FEM n'agit que sous les demandes directes des bénificiaires plutôt que d'imposer les projets.

Le principe des cordons pierreux est assez simple, ont installes des genre de petits barrages en roches (les dits cordons pierreux) pour que quand les pluies tombent (pis ils tombent en clisse quand ça tombe(voir plus bas)), les ravins qui se forment soient ralentis par les cordons et que l'eau est le temsp de s'infiltrer dans les terres dégradés avec tous les cochonneries deans qui vont se décomposer pour créer les nutriments nécessaire aux champs. J'ai été pas mal impressionné de voir le résultat de ses porjets et le bienfait que ça a pour les populations paysannes.Je sais que c'est un bien court moment pour pouvoir bien décrire ces réalités et je vous promet de longues coinversations à mon retour si vous en avez envie.

Par hasard, j'ai rencontré P-O, l'autre stagiaire de la poly dans un villages complètement perdu. Il s'avère que son organisme était là en même temps que le mien. ça l'a vraiment fait weird de le croisser comme ça en plein milieu de nulle part dans un pays de 3 millions d'habitants.

Jeudi, à Kongoussi, il y a eu un méchante averse....de grêlons. Pis là je parle pas de petites goutelettes de glace, je parle d'esti de chunk (scusez, ça me manque de parler québécois) de glce gros comme des balles de Ping-Pong, sans exagérer. J'ai deux immenses bleus sur mon bras droti à cause de l'impact. C'est un peu ironique parce qu'au moment du début de l'averse, je buvais un coke chaud pis que j'ai pu ramasser 2 grêlons pour mettre dans mon verre....

Entk là c'ets officiel, demain je commence un mini-stage avec 3 organisations de la région de Kongoussi pis je vais être basé ici mais je vais essayer de faire un séjour en village creux pour mieux comprendre comment les agriculteurs vivent et pouvoir en écrire plus sur le sujet pour vous éclairer un peu plus. Désolé de vous laissez sur votre faim avec ce trop court message...

Tenga

p.s. C'est qui Eleonore??

lundi 23 juillet 2007

Ka Ya Woto: Le jour où les chèvres se sont tues...

Mes très chères salutations mes amis,

Avant de commencer avec du neuf, j'aimerais apporter un petit correctif à mon billet précédent. Quand j'ai dit que Edith partait pour travailler après avoir accouché, elle partait en fait chez son employeur pour lui dire qu’elle avait accouché et pour demander congé. Je réalise que ça lui enlève un peu de mérite mais reste tout d même que le fait qu’elle soit aussi fonctionnelle reste assez épatant.

Pour ce qui est du placenta, il s’agit d’une cérémonie qui sert à relier le gens à l’endroit ou ils sont nés. Il y a longtemps, les mossis enteraient comme ça les placentas à l’endroit exact ou un enfant naissait pour qu’il se souvienne toujours de ses racines. Les personnes se voyaient donc beaucoup moins enclins à quitter leurs terres puisque une partie d’eux y restait. De la même façon, les placentas de nos ancêtres n’étaient jamais bien bien loin pour que ceux-ci puissent exercer leurs pouvoirs de protection à travers leur partie matérielle restée sur terre. On est encore vraiment loin du sandwich au placenta…

Ka Ya Woto… Vous vous demandez probablement qu’est-ce que cet intrigant titre peut bien vouloir dire. La traduction directe en français c’est « Ici, c’est comme ça » mais la signification est bien plus profonde. Tel le « Hakuna Matata » swahili, il se veut un mode de vie, une attitude face à la réalité. Essentiellement ça veut dire que les choses sont comme elles sont et ça ne donne rien de se plaindre à tout le monde de ces problèmes si ceux-ci ne peuvent rien y faire. J’ai tout de suite eu une petite pensée pour un peuple francophone d’Amérique du Nord qui se plait à chialer à qui le veut bien à propos des nids de poules, des piètres performances de leur équipe sportive favorite ou du trafic sur les ponts le matin. J’ai trouvé que le contraste était assez saisissant venant de gens qui ne sont jamais sur s’il y aura même à manger le lendemain. Je n’essaie pas de dire que nos problèmes sont obsolètes par rapport à ceux des gens d’ici mais plutôt que je trouve qu’on a tendance à se plaindre trop facilement pour rien.

On croit souvent que les fonds accordés pour l’aide international passent par de nombreux intermédiaires avant d’arriver aux bénéficiaires et que les fonds se trouvent alors trop dilués pour avoir de l’effet. Je dois avouer que j’ai été témoin d’exceptions à cette règle mais je vais plutôt partager avec vous un exemple qui corrobore parfaitement cet hypothèse. Vendredi dernier j’ai été invité au party de retraite de la numéro 2 du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) qui se déroulaient chez la numéro 1. JAMAIS de toute ma vie je n’ai été dans une maison aussi grande et luxueuse!!! Une immense cours en pavé uni avec une piscine de taille semi olympique protégée d’un grand mur de marbre surplombée d’une clôture barbelée électrifiée (pour donner des chocs au voleur qui se coinceraient dans les barbelés) entouraient un véritable château. La réception, qui devait accueillir une soixantaine de personnes, servaient, aux frais du PNUD, des petites bouchées de saumon fumé, des fines brochettes et une panoplie de pâtisseries tous plus excellentes les unes que les autres. Décidemment ça paye le développement…

Comme vous le savez tous, je suis réellement un gars de famille et d’amis. J’adore vraiment faire le plus possible de choses avec ceux que j’aime et qui m’apprécient et vous comprendrez que 2 mois et demi sans vous fréquentez à été très dur sur mon moral. Une chose qui me manquait vraiment pour être à l’aise ici c’est justement un bon ami avec qui je peux passer des bons moments et qui comprends mes angoisses de choc culturel. Au début de mon séjour ici, j’ai été quelques fois floués par des personnes avec qui je croyais pouvoir tisser des liens d’amitié mais qui s’avéraient finalement être des personnes qui ne voulaient que mon argent. Sans le vouloir vraiment, je me suis donc un peu plus renfermé aux inconnus jusqu’à temps que je rencontre mon nouvel ami Souleymane.

Il est propriétaire d’une boutique de linge pour femmes proche d’un resto où je mange souvent le midi. Son histoire en est une assez spéciale…Il y a 3 ans de cela, il a rencontré un journaliste correspondant québécois du nom de Michel et est rapidement devenu son ami. À son retour au Québec, Michel a présenté, par téléphone, une de ces amis Catherine à Souleymane. De fil en aiguille, Souleymane et Catherine sont devenus amoureux par correspondance et samedi, pour la première fois en presque 2 ans de «vie commune», ils se rencontraient. Catherine est débarquée pour la première fois au pays des hommes intègres au courant de la fin de semaine et je suis allé célébrer son arrivée chez Souleymane hier.

Depuis environ deux semaines, je vais chaque midi échanger avec Souleymane qui me comprends bien puisqu’il connaît assez bien la culture (et l’accent) québécois. En revenant de ma mission de trois semaines, je vais probablement aller faire un peu de tourisme avec eux dans le sud du pays.

Un billet de Rémi ne serait pas un billet de Rémi sans que je parle un peu de mes poules. Il s’avère que les poules que j’ai acheté à Fada sont des poules peuls (essayer de dire ça 10 fois rapidement, ça fait mal à la mâchoire….) puisqu’elles dorment dans les arbres. J’ai vraiment aucune idée comment elles font pour grimper ni qu’est-ce qui leur doit ce surnom parce que je ne les ai pas encore vu faire mais à chaque nuit, elles ont là, dans le même arbre, sur la même branche. Sinon mon autre poule survivante s’est mise à pondre au début de la semaine dernière et est maintenant rendue à 8 œufs (un chat en a mangé 2) et elle a commencé à couver hier. Normalement, si tout se passe bien, je devrais avoir des poussins d’ici 3 à 4 semaines, soit 3 à 10 jours avant mon départ. Je croise mes doigts. Sinon le coq a arrêté de chanter à des heures impossibles et de me réveiller pour rien. Je crois qu’il a senti qu’il avait avantage à se clouer le bec s’il ne voulait pas finir en numéro 2 chez St-Hubert. En passant ils appellent les fours qui font tourner les poulets sur le broche des téléviseurs à chien parce que les chiens s’assoient devant et regardent attentivement comme le feraient des humains devant une vraie télévision.

Puisqu'on est dans le sujet des animaux, je tiens à partage avec vous que ce matin, on a sacrifié une chèvre pour que mon séjour se passe bien. Je dois avouer que c'est vraiment différent de voir un gros animal comme ça mourir au bout de son sang devant soi. Sans vouloir rentrer dans les détails pour ceux qui ont le coeur sensible, Charles tenait la chèvre par les pattes pendant que André l'égorgait. Toute la fmille s'est ensuite joint à la partie pour arrange la viande pendatn que, les 6 autres chèvres de la cours regardaient, sans trop faire de bruit, de peur d'êtrela prochaine au menu...Pour ceux qui sont plus amoureux de détails pis de "gore", j'ai pris pas mal de photos vraiment sanglantes

Donc comme je l’avais mentionné précédemment, je pars en mission pour les trois prochaines semaines. La première semaine sera avec Madame Congo, ma coordonnatrice et sera dans les petites villes tandis que je passerai les deux suivantes seul dans un village. Cela risque fort de compromettre la régularité de me publications voir même de les rendre impossible puisque je doute fort qu’il y ai des villages avec une connexion Internet. Je ne sais donc pas quand sera mon prochain billet mais soyez sur que je vous ai tous dans mes pensées et vous remercie beaucoup de la quantité de commentaires que vous me laissez. Soyez assurez que ça me garde motivé. Je crois que d’ici samedi, je devrais rester dans les zones couvertes par le réseau cellulaire si vous voulez m’appeler mais après cela, c’est peu probable.

Merci encore de me lire et à la prochaine…

lundi 16 juillet 2007

Maudits Français....

Le mois de Juillet au Burkina : C'est la saison des pluies, des labours, des moustiques mais surtout...des Français. Cette fin de semaine, pour échapper un peu à l'invasion blanche qui semble prendre Ouagadougou d'assaut, j'ai décidé de monter à Fada, une petite ville dans l'Est du pays. Catherine, une volontaire long terme d'ISF y reste et m'a invité à décompresser avec elle. Quelle erreur....Ne me rappelant pas tout à fait mes cours d'histoire de la révolution française, j'avais oublié que la prise de la Bastille c'est déroulée un certain 14 Juillet 1789 et que les français expatriés ont décidé de prendre Fada d'assaut pour célébrer. Coté "échapper aux français" c'était raté mais j'ai quand même eu beaucoup de plaisir à sortir un peu de ma routine. Je dois avouer que c'était franchement étrange pour moi de voir autant de blancs réunis pour la première fois en presque trois mois...

A Fada, ils viennent de construire le plus grand marché de bétail de l'est du pays. Quelle occasion idéale pour moi de faire le plein de poules pas chers et sans grippe aviaire. Je me suis donc acheté un autre couple de poules (4ième essaie*soupir*) que j'ai ramené, pattes attachés, sur moi dans le bus pour le retour vers Ouagadougou. Vraiment je commence à douter fort que je vais pouvoir relever mon défi d'avoir des poussins avant mon retour au Canada. Ce matin, mon coq s'est mis à chanter vers 5h00 et j'ai décidé que pour la première fois, ça ne serait pas la maladie qui tuerait mes poules mais bien moi. Il n'est pas question que je me fasse réveiller comme ça tous les matins alors ce soir, il y aura de la soupe au poulet comme entrée...

La semaine dernière, je suis allé au barbier qui me coupe toujours les cheveux (je ne sais pas si c'est le climat ou quoi mes cheveux poussent vite en cr~^%) et à ma surprise c'était un autre barbier qui était en charge du salon. Je lui ai donc expliqué que l'autre barbier me fait habituellement un deal sur la coupe européenne et lui ai demandé de faire de même. Il m'a répondu d'un hochement de tête que j'ai cru être un hochement de compréhension. Je m'assois donc sur la chaise et il sort son rasoir et fait un long tracé de mon front jusqu'à ma rosette avant de dire :"Is this too short?..." Il a fallu que je tombe sur le seul coiffeur de Ouagadougou qui est nigérien et qui ne comprends pas le français. Je lui ai répondu: "Yes it is too short, can you make it grow back?" Il s'est mis à rire et à fini son travail sans toutefois oublier de me laisser ma traditionnelle coupe Longueuil...Donc me voilàavec le coco rasé malgré moi.

C'est un stéréotype assez commun chez nous de croire que les noirs sont paresseux et que cela explique le fait que la plupart des pays à prédominance noire sont sous-développés. J'ai une petite anecdote qui vous prouvera le contraire. Je me suis couché hier vers 8h30 (j'étais vraiment crevé) et quand je me suis levé (trop tôt) ce matin, j'avais une nouvelle petite soeur. Edith, l'une des femmes avec qui je vis, avais eu le temps pendant que je dormais de crever ces eaux, de se rendre à l'hôpital, d'accoucher, de revenir à la maison, de dormir un peu et d'être prête avec seulement 30 minutes de retard pour partir travailler avant que j'aille même le temps de me lever... Je me sens un peu coupable de me plaindre de ma courte nuit mettons...

Donc j'ai une nouvelle petite soeur, Marina, qui est née officiellement à 9h15 hier soir et qui, si elle avait été un garçon, se serait appelé Rémi...Ce matin en me levant, j'ai assisté à la fin de la cérémonie d'enterrement du placenta. Je ne suis pas trop sur pourquoi on a fait ça mais je vous promet de faire ma petite enquête et de vous revenir là-dessus. Je dois avouer que je préfère cette tradition à celle que certains ont de faire des sandwichs au placenta le lendemain....

Depuis le début de mon stage, il est arrivé quelques fois que pendant que je parlais à quelqu'un, qu'il se mette à faire des sons de gorge bizarre. Je croyais que c'était simplement une digestion pénible mais il s'avère que les Mossis ont un dialecte composé de sons de bouches dont je vais tenter de vous faire découvrir par écrit. J'ai maîtrisé 3 sons. Le premier, c'est un gazouillement qui se fait à la jonction des lèvres, des joues et de la gencive. Si on fait ce son


1 fois rapidement, ça veut dire oui
2 fois rapidement, ça veut dire non
1 longue fois, c'est la pire insulte qu'on peut faire à quelqu'un. Il n'est pas rare qu'une bagarre suive ce dernier son


Le deuxième c'est le fameux son de digestion qui est réalisé en collant sa langue au palais et en faisant remonter d'un cou sec sa pomme d'Adam. Vous devriez entendre un genre de claquement/rotte. Ce son


Veut dire que l'on t'écoute s'il est fait 2 fois
Veut dire qu'on est vraiment d'accord avec toi s'il est répété plusieurs fois


Le dernier ressemble beaucoup au son que l'on fait pour imiter le trot d'un cheval et est utilisé 3 fois pour signifier aux enfants qu'ils dérogent du comportement accepté et qu'ils s'alignent pour une fessée s'ils n'arrêtent pas.


Pour ce qui est de moi et de mon travail, il s'agit de ma dernière semaine de bureau. Je pars la semaine prochaine en mission d'identification de projet avec les membres de mon bureau et par la suite je vais rester dans un village burkinabé pour 2 semaines. Il me restera ensuite une semaine et demie au Burkina que j'utiliserai pour voyager un peu et faire des trucs pour ISF.
Sur ce, je vous souhaite des bonnes vacances de la construction et espère que vous appréciez la pluie au Canada parce qu'ici, je donnerais cher pour qu'il pleuve un peu plus souvent pour rafraîchir un peu l'air.


p.s. A la demande de certains, j'ai rajouté à droite le lien vers le clip de la grippe aviaire
p.p.s. Soyez honnêtes, qui a essayé de faire les sons en me lisant

jeudi 12 juillet 2007

Encore de nouvelles photos

A la demande de plusieurs, j'ai rajouté des photos des femmes de ma cours, de mes collègues de travail, de la ville de Ouagadougou et une petite surprise qui peut possiblement rendre aveugle tellement c'est sexy....

lundi 9 juillet 2007

Histoire d'une semaine sans histoire

Mes très chers amis, comment allez-vous? De mon coté tout va très bien. Je dois toutefois vous avouez que je ne viens pas de vivre la semaine la plus palpitante de mon stage. Je n’ai pas vécu d’expériences incroyables ni de réflexions intenses mais fidèle à mon habitude, je vous écrit mon billet hebdomadaire qui pour cette fois-ci, se constituera majoritairement d’anecdotes et de constatations.

Comme certains d’entres vous on pu voir dans mes photos, j’ai tenté pour la troisième fois d’élever des poules. Je dis déjà « tenté » parce depuis lundi dernier, le jour ou je les ai acheté, il y en a une qui a disparue et une qui est morte hier. Depuis le matin, je la regardais tituber et tomber et finalement on l’a trouvé morte vers 15H00. Puisque le cadavre était frais, il fut décidé qu’on mangerait du poulet grillé ce soir. Puisque l’idée de manger un poulet mort d’une maladie étrange ne m’enchantait pas trop, on m’a préparé un morceau de viande spécial qui était ma foi assez bon. J’ai demandé qu’est-ce que c’était et on me répondit : « Le ministre de la défense» et moi de rétorquer « quoi ? » « Le vigile » « hein ? » « Le système d’alarme » « De kessé ? » « Le meilleur ami de l’homme » « ……… » Je m’excuse Hercule……

Claude me demandait il y a peu de temps si la société burkinabé est homogène. Au premier coup d’œil elle peut le sembler puisque tout les natifs sont noirs, il y a toutefois plus d’une soixantaine d’ethnies différentes qui habitent le pays des hommes intègres et pas nécessairement dans l’amitié et l’entente totale (un peu comme le Canada quoi…) Il y a effectivement beaucoup d’intolérance ethnique (terme que je préfère au lieu de racisme) entre les Mossis, l’ethnie dominante, et les peuls, un peuple nomade du Nord du pays. Il m’est maintenant clair que l’intolérance des différences va bien au-delà de la couleur de la peau et de la religion. Les peuls sont littéralement traités comme des non humains. On m’a dit que dans la cours de récré au primaire, les enfants frappaient les petits peuls à coup de branches et de pierres parce que l’on croyait que si on lapidait le peul assez fort, il redevenait un singe. Dans le minibus du retour de Zorgho il y a 2 semaines, le chauffeur a demandé à son assistant combien il y avait de personnes dans le bus. Il lui répondit 22 humains et 2 peuls. C’est vraiment spécial d’être confronté comme ça au mépris à l’état pur…

Un des nombreux problèmes auquel est confronté le Burkina, c’est l’accès à des services de santé d’urgence rapide et efficace. Mon logeur Eric, un garagiste, ma conté une histoire à ce sujet la semaine dernière. Deux personnes roulaient sur une moto à Ouaga, le conducteur portait un casque, mais pas son passager et ils sont malheureusement entrés en collision avec un véhicule. Quand le ambulanciers sont arrivés, ils n’ont plus que prendre soin de celle qui portait un casque car il ont vite constaté la mort de celle qui n’en portait pas. Son corps fut aussitôt emporté…..au garage. Puisque qu’il n’y avait pas d’ambulance ou de corbillard de disponible, le corps, toujours encastré dans le pare-brise, fut remorqué avec le reste de l’auto au garage de Eric ou le corbillard est finalement venu le chercher 2 heures plus tard.

Je vous parlais il y a déjà un petit bout de la danse de la grippe aviaire et comment je la trouvais étrange…. c’était jusqu’à ce que je vois le vidéoclip…..C’est 4 gars, torse nu, en shorts avec des g-string par-dessus qui dansent comme des détraqués en se frottant le torse avec des poulets qu’ils se plaisent à embrasser de temps en temps. Genre d’image qui va me rester dans la tête à jamais….

Un peu comme vous avez probablement certains stéréotypes par rapport à l’Afrique que j’infirme ou je confirme à l’aide de mon blogue, les burkinabés on de nombreux stéréotypes vis-à-vis les blancs. De façon générale, j’ai souvent l’impression qu’on me prend pour un autiste, un super génie incapable de faire des petites choses. Je m’explique…Quand il y a une panne de courant, un virus informatique, un fil d’électricité qui tombe, un film qui ne load pas au vidéo club à qui est-ce qu’on demande. Mais à moi bien sur… C’est l’homme blanc qui a créé toutes ces machines, il est donc normal que j’aille la parfaite maîtrise de celles-ci. Par contre, quand tombe la pluie, il faut me guider et m’avertir à chaque flaque d’eau de faire attention parce que si je pile dedans, mes pieds vont être mouillés. Aussi, si un véhicule se dirige vers moi, je dois me tasser parce que le choc peut être douloureux voir mortel.

Depuis que je suis au Burkina, je suis allé me faire couper les cheveux trois fois et les trois fois, le barbier ne m’a pas coupé les cheveux de la nuque. Les trois fois je suis retourné et je lui ai demandé de finir le travail et ce n’est que la troisième fois qu’il m’a avoué qu’il croyait que les blancs aimaient avoir une coupe Longueuil parce que les acteurs blancs en on tous dans les meilleurs films (ie :les films de kung fu pis de powpow des années 80)

Une dernière petite anecdote que je veux partager avec vous c’est les boutiques d’électroniques usagés tout risque. Le principe est très simple, on va à ces boutiques pour se procurer des électroniques à un prix fixe mais le hic c’est que l’on a pas le droit de les essayer avant de les acheter, on les paie à un prix fixe et peu importe si ça marche ou non, on est coincé avec. Une genre de loterie.

En terminant je veux vous rappeler que je rapporte les anecdotes, les histoires et les faits de la façon dont je les ai perçu. Il m’arrive d’y insérer mon opinion de façon parfois subtile, parfois évidente mais le but de ce blogue n’est pas de porter un jugement public sur ce que je vis ici au Burkina, mais plutôt de vous rapporter mes perceptions (comme le titre de la page le suggère)

Sur ce, à plus….

P.s. Souray va réaliser qu’il a fait une erreur pis il va nous revenir en rampant pour demander un contrat de 2 millions, vous allez voir….